Comment agir de façon sécuritaire lorsqu’on est témoin de violence ?


Regroupement

Tu crois être témoin d’une situation violente ? Tu te sens inconfortable face à cette situation ? C’est tout à fait normal, car cette réalité est complexe. Cela dit, nous avons toutes et tous un rôle à jouer dans la lutte contre la violence.

Cet article te fournira des outils concrets afin que tu puisses mieux cerner les signes d’un comportement violent, et connaître les façons d’agir si tu es témoin de violence. L’objectif : assurer ta propre sécurité et celle de la victime.

Les signes d’un comportement violent
Il n’est pas toujours facile de reconnaître un comportement violent, car il peut s’installer progressivement, sans que l’on s’en rende compte du premier coup. La personne victime doute également souvent d’elle-même, minimisant ce qu’elle vit ou cherchant à justifier son partenaire. De plus, les comportements de la personne violente sont parfois perçus comme des preuves d’amour, rendant la situation encore plus confuse.

Pour t’aider à y voir plus clair, voici les principaux signes d’un comportement violent :

– Attitude de contrôle :
Annie est de moins présente aux activités après l’école, sous prétexte que son copain tient à passer le plus de temps possible avec elle. Lors d’un rare souper en groupe au restaurant, tu remarques qu’il choisit ce qu’elle doit prendre sur le menu, et tu l’entends lui souffler à l’oreille que c’est mieux pour sa ligne. Annie hésite quelques instants, mais finit par céder. Ce type de contrôle discret commence à l’affecter, mais elle se dit qu’il agit ainsi pour son bien.

– Signes d’alerte physique
Cela fait quelques jours que Delphine manque ses cours. À son retour en classe, celle-ci tient toujours son bras près de son corps, visiblement mal à l’aise. En discutant avec elle, tu réalises qu’elle tente de camoufler une blessure qu’elle s’est faite lors d’une dispute avec Simon, son copain. Pour te rassurer, elle minimise la situation en te jurant que c’était un accident et que Simon lui a promis qu’il ne recommencerait plus.

– Violence verbale et émotionnelle
Après un examen, Clara pleure, craignant qu’elle n’obtienne pas la note de passage. Dès que tu essaies de la réconforter, son copain s’impose et te met à l’écart. Tu l’entends lui dire qu’elle est « beaucoup trop émotive », et que « ce n’est pas la fin du monde si elle échoue à un examen ». Puis, d’un ton humiliant, il lui lance que de toute façon, « elle a ce qu’elle mérite » et que si elle étudiait davantage, elle ne se retrouverait pas dans une telle situation. Clara, ne sachant pas comment réagir, ravale ses larmes et tente de masquer sa détresse.

– Changements comportementaux
Ton amie Évelyne a changé depuis quelques mois. Auparavant enjouée et débordante d’énergie, celle-ci semble toujours triste et nerveuse. De plus, elle peine à terminer son goûter sur l’heure du midi. Elle est parfois irritable et évite les discussions qui portent sur sa famille. D’ailleurs, elle préfère rester le plus longtemps possible à l’école plutôt que retourner chez elle. À force de la côtoyer, tu finis par comprendre que ses parents se disputent violemment à la maison, et qu’elle se sent responsable du climat familial tendu.

Intervenir en toute sécurité
Maintenant que tu connais les signes d’un comportement violent, il est essentiel que tu saches aussi comment aider la victime. En tant que témoin, tu peux avoir un impact significatif sur la situation, pourvu que tu agisses toujours de façon réfléchie, pour garantir ta sécurité et celle de la victime.

L’attitude à adopter :
– Écouter sans juger, afin que la victime se sente soutenue, et ce, sans risquer de minimiser ce qu’elle vit.
– Croire la personne, pour favoriser la discussion et créer un espace d’échanges ouvert et sécuritaire.
– Ne pas confronter l’agresseur, pour ne pas aggraver la situation ni mettre la victime en danger.
– En parler à un adulte de confiance, qui sera en mesure de vous aider ou de vous diriger vers de l’aide professionnelle au besoin.

Assurer ta sécurité :
– Ne pas agir directement dans une situation dangereuse, pour éviter tout risque pour ta sécurité et celle de la victime.
– Appeler les secours si nécessaire.

 

Les garçons : des alliés contre la violence

La lutte contre la violence n’est pas seulement l’affaire des filles, mais bien de toute personne souhaitant vivre dans un monde où priment le respect et la liberté. En intervenant de façon positive et en ne tolérant aucune forme de violence, les garçons contribuent à bâtir un monde plus égalitaire.

Voici quelques façons dont les garçons peuvent agir lorsqu’ils sont témoins de violence :

  • Se prononcer en défaveur des commentaires sexistes et refuser de partager des contenus intimes;
  • Montrer l’exemple aux autres et respecter le consentement;
  • Exprimer ses émotions sainement et dénoncer les comportements abusifs;
  • Valoriser l’égalité dans les relations et rejeter les stéréotypes toxiques;
  • Écouter les victimes sans les juger;
  • Diriger vers les ressources d’aide;
  • Créer des espaces de discussion sains et encourager d’autres garçons à devenir des alliés.

 

Quelques scénarios sur la violence familiale et entre partenaires intimes

Pour mettre en pratique la théorie que nous venons de voir ensemble, voici quelques scénarios mettant en lumière les réactions à privilégier face à des comportements violents.

Scénario 1 : L’amie inquiète
Ta meilleure amie Léa te confie que son copain vérifie constamment son téléphone et s’énerve quand elle parle à d’autres garçons. Elle dit que c’est parce qu’il l’aime beaucoup. : Comment réagis-tu face à cette situation?
Il est d’abord important d’écouter Léa activement pour bien comprendre ce qu’elle ressent. Ensuite, tu peux lui dire quelque chose comme : je comprends que tu penses que le comportement de ton copain vient du fait qu’il t’aime beaucoup, mais je suis un peu inquiète qu’il vérifie sans cesse ton téléphone et qu’il s’énerve quand tu parles à d’autres garçons.

Ensuite, tu peux l’encourager à en parler à un adulte de confiance, comme un parent, un(e) enseignant(e) ou autre.

Scénario 2 : La sœur qui a peur
Lucas, 14 ans, remarque que sa petite sœur de 8 ans devient très anxieuse quand leurs parents se disputent. Il les entend crier la nuit et voit sa mère pleurer souvent. Que doit-il faire?

À 14 ans, Lucas peut réconforter sa petite sœur et lui montrer qu’il est là pour elle, mais il n’est pas responsable des disputes de ses parents ni de l’anxiété qu’elles provoquent. En effet, ce n’est pas une situation qu’il doit gérer seul. Il est donc important qu’il en parle à un adulte de confiance, comme un(e) enseignant(e) ou un autre membre de la famille, afin d’obtenir du soutien pour lui et sa sœur.

Scénario 3 : Être un allié

Thomas entend ses amis faire des commentaires irrespectueux sur leurs copines et partager des photos privées sans consentement. Comment peut-il intervenir positivement?

En plus de ne pas emboîter le pas, Thomas peut exprimer son désaccord et son malaise face au comportement de ses amis. Si la situation persiste, il doit dénoncer ces agissements à des adultes comme un(e) professeur(e) ou un parent, par exemple.

Engagement et solidarité

Tu as maintenant plusieurs éléments en main pour reconnaître les signes d’un comportement violent, et intervenir pour assurer ta sécurité et celle des victimes. N’oublie pas que tu as le pouvoir d’agir et que chaque geste compte ! Dans le prochain article, nous aborderons un sujet crucial : la recherche d’aide. Tu verras : tu n’es jamais seul(e) face à la violence.

 

Article rédigé par Anne-Sophie Brunelle dans le cadre du projet Spectateur.e.s Essentielles financé par le ministère des Femmes et Égalité des genres.

 

Références :
Zidenberg, A.M. (2024). Spectateur. e. s EssentiElles : Revue de la Recherche sur l’Exposition des Filles à la Violence par Partenaire Intime. Réseau-Femmes du Sud-Ouest de l’Ontario, Windsor, Ontario.

Zidenberg, A.M. (2024). Brisons le silence : Guide essentiel pour comprendre et agir face à la violence dans les relations familiales et entre partenaires intimes. Réseau-Femmes du Sud-Ouest de l’Ontario, Windsor, Ontario.