Je suis une victime de genre


Regroupement

Moi je suis la fille qui aurait dû naître garçon

Depuis que je suis née, j’ai déçu mon père, qui voulait un fils et non une fille. J’ai essentiellement grandi avec le message qu’il aurait souhaité avoir un fils pour pouvoir faire toutes ces choses que les pères font seulement avec leur fils. J’ai toujours remis en question ma ressemblance et mon identité avec mon genre. Et je suis devenue le petit garçon manqué de papa. Son mini moi, seulement avec les cheveux longs. Je suis vraiment comme lui. Cheveux foncés. Peau foncée. Je pense comme lui. Nos personnalités sont tellement similaires. Je lui ressemble énormément ! 

Mon père voulait toujours un garçon. C’est juste un fait. Une donnée. Ce n’est pas un secret du tout. À très haute voix, mon père l’a toujours dit à moi, à ma famille et même à mes amis. 

 

Moment « aha »

Un jour ordinaire, j’ai eu un moment « aha » : J’ai passé tellement de temps à essayer de ne pas être une fille que je n’ai même pas réalisé que je suis devenue comme mon père ! C’est moi. J’ai compris qu’il n’était pas parfait il y a des années. Je l’ai descendu depuis longtemps de la liste de mes héros. J’ai vu ses défauts, et je me suis mis au travail pour m’assurer de ne pas avoir tous ses défauts… au moins pas pour toujours. Certains d’entre eux, j’en ai certainement encore! Des troubles obsessionnels ? OCD, ouais. Attentes irréalistes ? Toujours. Coupable ? Souvent. Rapide pour m’éloigner ? Évidemment. Le passé ? Définitivement. Complimenter mes proches ? Je ne suis pas capable. Je suis même pire que lui. 

 

L’approbation et la validation

Rappelez-vous que j’ai dit que j’ai toujours voulu l’approbation de mon père ? Il ne m’a littéralement jamais dit qu’il était fier de moi. J’ai désespérément voulu entendre ces mots. Et croyez-moi, j’ai passé des années à chercher son approbation. Me rendre folle. La rétroaction de mon père a toujours joué un grand rôle dans mes choix, même quand je n’aime pas ce qu’il a à dire ou si je ne suis pas d’accord avec lui. Tout ce qu’il a à dire, c’est « si tu étais née garçon ». Donc, d’une manière ou d’une autre, en tant que petite fille, j’ai traduit : « faire ce que je voulais signifiait que je perdais l’attention de papa ».

Je me souviens avoir été cette petite fille insouciante à faible maintenance! Je refusais absolument de porter des robes et toutes les nuances de la couleur rose. J’ai alors inventé style “oversized” dans les tons très sombres avant le temps. Je ne voulais rien savoir des poupées et je pouvais à la place construire, conduire et combattre… Du vent dans mes cheveux. Pas un souci au monde. Un vrai esprit de rebelle!  

 

Bataille avec le genre 

Ma bataille avec le genre a commencé le jour que je me suis réveillée et j’ai découvert que mon lit était plein de sang et que la mère nature m’annonce officiellement comme une femme. Ou peut-être que ça a commencé quand j’ai eu des seins. Immédiatement. Comme du jour au lendemain. Je suis passée d’une poitrine plate à une poitrine GÉANTE. Et j’ai détesté !! Je détestais l’attention qui allait avec. Je détestais que ce soit plus la preuve que j’étais une fille.

Parce que rappelez-vous, mon père a toujours voulu un garçon. Et jusqu’au début de ma thérapie avec le Réseau-femmes, je n’ai aucune idée de l’impact que cela a eu sur ma vie. Je ne l’ai vraiment pas calculé. À ce moment-là, dans mes séances de counseling, je l’ai soudainement vu si clairement de cette nouvelle perspective. J’invite chaque femme qui souhaite entamer le chemin de la guérison de prendre un rendez-vous dès maintenant ! 

 

Gentille avec soi-même 

Je pense qu’il est important de mentionner que même si le monde était extrêmement gentil avec moi, je ne l’étais pas du tout avec moi-même. Ok, j’ai été carrément cruelle. De mon apparence à ma performance, j’étais mon plus grand ennemi. Surtout une fois que j’ai développé cette poitrine géante! J’avais cette fille méchante qui habitait dans ma tête. Peu importait que j’aie des amis incroyables dans la vraie vie. J’avais cette ennemie dans ma tête qui effaçait toutes les réalités que je vivais. Une chose: si je traitais les autres comme je me traitais moi-même, je n’aurais eu personne dans ma vie.

 

Chemin de guérison

Il y a un bout, j’ai entamé le chemin de la guérison. Malgré que je continue à penser que j’étais née garçon. Peut-être qu’alors j’obtiendrais cette approbation que j’ai si désespérément recherchée de mon père. Peut-être que j’aurais enfin l’impression d’appartenir à quelqu’un. En 2019, j’ai découvert les solutions offertes par le Réseau-femmes du sud-ouest de l’Ontario pour les femmes en détresse, ainsi que leurs solutions pour le bien-être et la santé mentale

 

Ma révélation, mon masque COVID-19

L’année dernière, lors de la pandémie Covid-19, j’ai appris l’importance de porter le masque mais aussi de ne pas porter le masque ! Les personnes autour de moi ne peuvent pas être là pour moi s’ils ne savent pas que je lutte. Et je n’ai pas toujours su que j’avais du mal. Nous vivons dans ce monde redondant de go go go. Ralentir est un cadeau. Cette pandémie était un cadeau! J’ai pu voir des vérités que j’avais besoin de comprendre !! Oui, j’ai toujours su que mon père voulait un garçon. Mais je n’ai jamais pris le temps de me demander ce que cela signifiait pour moi ? Comme une fille !!! En tant que fille dure à cuire, une vraie « badass » ! Juste me rendre encore plus dure à cuire !!

 

Semaine des victimes

Je suis très contente que mon histoire puisse inspirer d’autres victimes comme moi. Je vous invite à participer aux événements dans le cadre de la Semaine des victimes. Les victimes sont tout autour de nous, parfois plus proches que l’on pense. 

Signée par une fille qui porte un prénom pour les deux genres, abrégé par les intimes Gab.