L’influence de l’estime de soi sur la résilience


Regroupement

Dans notre article sur l’introduction de la résilience paru au mois de Mars, nous avons expliqué que la définition de celle-ci dépend largement du sens et de l’objectif que l’on cherche à atteindre. Majoritairement dans toutes les définitions, deux  grandes catégories qui ont un un impact sur la résilience, semblent s’y trouver,  en premier lieu celui qui met l’emphase sur les dimensions psychologiques de l’individu, l’autre qui met l’emphase de l’interaction entre l’individu et son environnement (Muckle et al., 2020). Ainsi la résilience est définie comme la capacité d’un système à rebondir après avoir vécu une situation traumatisante (Hornor, 2017); d’autres vont parler de la résilience comme un processus positif et protecteur, qui peut réduire les conséquences négatives et mal adaptatives dune situation de risque (Greenberg, 2006) et d’autres comme un concept interactif qui nous permet danalyser la présence des conditions sérieuses, traumatisantes et les capacités psychologiques positives malgré ladversité (Rutter, 2006). 

 

Ainsi, se basant sur la résilience comme processus et capacité, nous constatons l’importance de l’environnement et certains facteurs internes et cognitifs sur le développement de la résilience. Par exemple le fait  de posséder certains facteurs internes, cognitives qui permettent d’être prédisposé.e à développer plus de résilience: comme le type de personnalité, certaines capacités mentales, comme la détermination, l’estime de soi, le contrôle de soi, le type d’attachement reçu, la capacité de créer des liens sociaux, la capacité de demander et de recevoir de l’aide, etc. Donc la résilience serait une interaction protectrice multifactorielle favorisant l’adaptation, et qu’elle est le résultat d’une co-construction, dans la mesure où elle s’inscrit à travers un échange constant entre l’individu et son environnement, et ce, tout au long de son développement (Muckle et al., 2020). 

 

L’estime de soi, facteur de protection de la résilience?

 

Le dictionnaire Larousse de la psychologie définit l’ « estime de soi  » comme une attitude plus ou moins favorable envers soi-même, la manière dont on se considère, le respect que l’on se porte, l’appréciation de sa propre valeur dans tel ou tel domaine. En effet, en psychologie, l’estime de soi désigne un jugement ou une appréciation personnelle de soi en lien avec ses valeurs entre le soi réel et le soi idéal ((Doré, 2017). Donc cette définition nous suggère qu’un individu va s’estimer selon sa propre perception, son sentiment d’avoir de l’importance et d’être unique. Cependant comme la résilience, l’estime de soi, est un processus, qui est aussi ancré dans l’individu et qui dépend aussi de la relation que celui-ci entretient avec son environnement. Donc l’estime de soi dépend des facteurs internes et des facteurs externes. 

Ainsi l’estime de soi se construit à travers les relations et certaines expériences de la vie qu’une personne entretient avec son environnement. Il a été démontré que lorsqu’on a une estime de soi  positive, cela a un impact sur le bien-être psychologique et des interaction positives avec son environnement. Ainsi l’estime de soi constitue un facteur de protection de la résilience, car celle-ci, contribue à une plus grande sécurité émotionnelle, une tolérance accrue aux frustrations et permet l’établissement d’un regard plus juste en ce qui concerne les aptitudes et qualités d’un individu (Muckle et al., 2020). L’estime de soi permet donc à la personne de se distancer des événements négatifs qui lui arrivent en se rappelant qu’elle n’est pas ce qui lui est arrivé, bien au contraire qu’elle est plus que ça. 

5 conseils pratiques pour développer son estime de soi:

  1. Se rappeler que nous sommes toutes uniques et dignes d’amour : comme femme, la société nous bombarde, à travers les médias ou les films, l’image de la femme idéale. C’est souvent une femme blanche, hétérosexuelle, mince, aux cheveux longs, qui peut faire milles et une chose à la fois. Cependant, représente-elle toutes les femmes? Non. Chaque femme est unique et digne de l’amour, peu importe ce qu’elle est, ce qu’elle fait et ce qu’elle n’est pas ou ne fait pas. Le fait que nous soyons ici, est déjà assez et suffisant. Donc arrêtons de nous comparer aux images irréalistes des femmes et célébrons notre unicité dans la diversité. 
  • Établir des limites : cette étape est très importante dans le développement de l’estime de soi.  Lorsque nous sommes conscientes de nos valeurs, de ce que nous aimons et n’aimons pas, c’est important de mettre les limites sur ce dont qui ne nous conviennent pas. Ceci peut être difficile pour certaines d’entre nous, car la société nous a enseigné qu’en tant que femme, nous devons être au service des autres, même si ceux-ci violent nos droits. Se pratiquer à dire non sans se justifier peut être un premier pas pour atteindre cet objectif. 
  • Célébrer nos efforts: Lorsqu’on se fixe un objectif à atteindre, il est important de le diviser en petites étapes afin d’atteindre l’objectif global. À chaque étape réalisée, célébrer ses efforts, même s’ils sont petits, surtout ne pas attendre que les autres nous célèbrent avant de célébrer nos accomplissements. Un pas à la fois. 
  • Être prévoyante envers nous-même: ceci est un aspect important de développer de l’amour de soi. Savoir être son amie, être gentille envers soi-même, comme on le serait pour une amie qui aurait besoin d’être réconfortée. Donc se rappeler, dans des situations difficiles, ou d’échec, que nous devons être notre propre amie, comme on le serait à nos amies. Évaluer ce dont on a besoin et se le donner avec prévoyance et gentillesse.
  • Demander de l’aide : parfois, demander de l’aide peut être perçu comme un signe de faiblesse. Les femmes résiliantes ne sont pas des femmes “fortes”, qui endurent tout dans le silence. Les femmes résiliantes sont celles aussi, qui sont vulnérables et qui ont su demander de l’aide quand elles en avaient besoin. Donc il n’y a pas de honte à demander de l’aide lorsqu’on ne sait pas quoi faire.

Donc en conclusion, dans les situations difficiles, l’estime de soi nous permet de nous rappeler de notre propre valeur et surmonter l’épreuve. Par exemple, pour une femme qui a vécu de la violence, le fait d’avoir une estime de soi positive, peut lui rappeler, qu’elle n’est pas ce que la violence lui a fait. Elle n’est pas ce que l’abuseur lui a dit. Elle peut se rappeler ses propres valeurs, ses intérêts, ses capacités, s’apprécier, ainsi aller de l’avant sans être réduite aux événements fâcheux qui lui est arrivée. On n’est pas ce qui nous est arrivé, on n’est plus que ça: on est des Femmes, belles, intelligentes, capables, dignes d’amour, dignes de respect, bâtisseuses, citoyennes actives et participantes au développement de nos pays. 

 

Elise Nyirasuku est une travailleuse sociale, qui œuvre dans le domaine de la santé mentale depuis plus de 15 ans. Elise a fait ses études de Bac en Études de Femmes et ses études supérieures en travail social. 

 

Références

Hornor, G. (2017). Resilience. Journal of Pediatric Health Care, 31(3), 384‑390. https://doi.org/10.1016/j.pedhc.2016.09.005

Greenberg, M. (2006). Promoting resilience in children and youth: Preventive interventions and their interface with neuroscience. Annals of New York Academy of Sciences, 1094, 139-150.

Michallet, B. (2009). Résilience: Perspective historique, défis théoriques et enjeux cliniques. Frontières, 22(1‑2), 10‑18. https://doi.org/10.7202/045021ar

Rutter, M. (2006). Implications of resilience concepts for scientific understanding. Annuals of New York Academy of Sciences, 1094, 1-12.