Quel rôle joue l’exposition des filles à la violence conjugale dans leur acceptation de cette dernière dans leur propre relation ?


Regroupement

Les premières victimes de la violence domestique sont les individus impliqués dans la relation, cependant, ce ne sont pas les seules victimes. Les jeunes filles étant témoins de violence domestique sont aussi victimes, autant sur le court terme que sur le long terme. Sur le court terme, les conséquences sont surtout sur leur santé mentale, mais sur le long terme, l’abus dont ils ont été témoins peut devenir de l’abus générationnel.

Lorsque nous sommes enfants, nous sommes en pleine phase de développement et d’apprentissage. Nous observons, associons et limitons  les comportements et actions dont nous sommes témoins dans notre environnement. C’est ce que l’on appelle la théorie sociale cognitive.

Cela veut dire que lorsqu’un enfant est témoin de violence domestique, il associera cela avec la façon dont un conflit se produit. L’enfant suit l’influence des adultes dans son environnement, il absorbe les informations et comportements autour de lui, comme une éponge se gorge d’eau. 

Cela est d’autant plus inquiétant lorsque l’on apprend que 53 % des femmes en Ontario fuyant un foyer abusif ont été admises avec un ou des enfants et que 65% de ces enfants avaient moins de 10 ans. À cet âge, l’environnement dans lequel l’enfant est à un grand impact sur sa perception du monde, et notamment dans ce cas, des relations humaines.

Il est également pertinent de noter que chaque enfant est affecté à un différent degré par ce genre d’expériences. Le degré dépend de paramètres tels que la sévérité de l’abus, la fréquence de l’abus et l’âge de l’enfant lorsqu’il a été témoin de violence domestique.

C’est ce comportement appris par l’apprentissage social qui sera reproduit lorsque l’enfant aura grandi et créera ce que l’on appelle de l’abus générationnel. Le comportement abusif se passe du parent vers l’enfant.

Le comportement abusif et la violence ne sont pas nécessairement les seules choses qui se passent entre parent et enfant. Une fille qui a vu sa mère, tante ou une figure parentale être victime de violence domestique peut considérer cela comme normal car c’est tout ce que cette dernière connait. Pour elle, il est normal que dans un conflit, de l’abus physique, psychologique etc. soit impliqué.

Un facteur contribuant à l’abus générationnel est aussi le fait que, contrairement aux enfants qui ont accès à beaucoup de ressources d’aide et santé mentale, les parents ne reçoivent pas de conseils pour pouvoir « désapprendre » ce genre de comportement. Autrement dit, les enfants sont autant victimes de l’abus générationnel que les parents.

Cela dit, il existe des ressources si vous avez besoin de conseils ou d’aide par rapport à un tel problème. Le réseau offre un service de counseling ouvert aux victimes de violence domestique. Il existe aussi des lignes téléphoniques d’écoute pour de l’aide par rapport à la santé mentale, etc.

Il est important de se rappeler lorsque l’on fait face à de l’abus générationnel qu’une fois la phase de développement passée, il est compliqué de désapprendre ou de réapprendre des comportements. Le cas des enfants ayant été laissés à eux-mêmes dans la nature est un cas montrant que réapprendre des comportements est extrêmement compliqué.

 

Références

“Brain Development.” n.d. First Things First. Accessed July 20, 2022. https://www.firstthingsfirst.org/early-childhood-matters/brain-development/.

Domestic Violence Info. n.d. “Effects on Children Witnessing Abuse.” Stop Violence Against Women. https://www.domesticviolenceinfo.ca/effects-on-children-witnessing-abuse/.