Le rôle des femmes noires dans les mouvements de résistance


Regroupement

Article rédigé par Elise Nyirasuku.

Pourquoi  un Mois de l’Histoire des Noirs au Canada?

Chaque année au mois de février, les canadiens et canadiennes participent à différents évènements pour célébrer le Mois de l’Histoire des Noirs (MHN), c’est aussi une occasion d’honorer l’héritage des communautés noires au sein de la société canadienne. En effet, la présence des canadiens et canadiennes noir.es ainsi que leurs communautés remontent au début des années 1600 et ceux-ci ont contribué à l’héritage et à l’identité du Canada (Patrimoine Canada, 2022). 

Cependant et malgré leur présence de longue date, la contribution, l’héritage et la culture de ceux-ci, ont été longuement ignorés. Par exemple, on n’entend pas suffisamment le rôle de certains loyalistes d’ascendance africaine, venus s’établir dans les Maritimes après la Révolution américaine, ou les sacrifices des soldats d’ascendance africaine dans la Guerre de 1814 (Patrimoine Canadien 2022). 

Et lorsqu’on parle de l’esclavagisme, nous pensons tout de suite à l’esclavagisme qui s’est passé aux États Unis. Beaucoup de gens ne sont pas au courant qu’ici, il y avait aussi de l’esclavagisme, de la ségrégation raciale, ni comment le peuple noir a lutté afin d’assurer une société plus inclusive et diversifiée. Donc le MHN est une occasion d’en apprendre davantage sur ces récits oubliés et sur la contribution de ce peuple dans l’héritage canadien. 

 

La résistance des Noir.es

Le thème du MHN pour cette année est “ la résistance des Noir.es”. Ce thème est utilisé pour célébrer et démontrer comment, au fur des années, dans l’histoire, le peuple Noir a résisté aux différentes oppressions, aux discriminations et aux préjugés auxquelles il était assujetti. D’ailleurs, si vous êtes adeptes de la philosophie, vous savez que le philosophe Michel Foucault (1976), l’explique très bien en disant que même si certains groupes disposent d’un pouvoir plus important que d’autres, un peuple minoritaire, ne peut pas être réduit à un peuple unilatéralement opprimé et dénué d’agentivité (Chbat et al., 2015). Donc, bien que le peuple noir était assujetti à l’esclavagisme, aux discriminations raciales et à la colonisation, l’histoire nous montre que celui-ci, a quand même résisté à certaines oppressions. 

 

Et les femmes ?

La résistance des Noir.es, n’était pas un domaine exclusivement masculin, nous retrouvons aussi beaucoup d’exemples du rôle des femmes dans ce mouvement. Examinons ici, trois figures importantes dans ce mouvement dans trois régions différentes. 

En premier lieu, en Afrique, les guerrières de Dahomey, ou les Amazones de Dahomey, ou les Minos ou les Agojies (15e- 17e Siècle), ont longtemps bataillé contre la traite des esclaves et contre la colonisation française sur leur territoire. 

En effet, ces Amazones de Dahomey étaient une armée composée uniquement de femmes guerrières, qui étaient recrutées par le roi et qui étaient redoutées par les commerçants d’esclaves et même l’armée française au Bénin (Wikipédia, 2023). D’ailleurs, en 2022, il y a un film sorti à ce sujet, que je vous recommande: The Woman King dont l’actrice principale est Viola Davis (2022). Et dans le cadre des célébrations du MHN, le RFSSO va projeter ce film dans certaines de ses régions. Si vous vous ne l’avez pas encore, venez, le visionner avec nous. 

 

Aux États Unis, le portrait féminin marquant de cette résistance est celui de Rosa Park (1913-2005).

Cette femme afro-américaine, activiste des droits humains, est considérée comme figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États Unis, et elle a été surnommée « la mère du mouvement des droits civiques» par le Congrès américain. En effet, le 1er décembre 1955, Rosa Park a refusé de céder sa place à un blanc dans un autobus. Cette résistance fut suivie de son arrestation et l’obligation de payer des amendes. Pour 380 jours, une campagne de boycottage de la compagnie d’autobus, fut lancée par le pasteur Martin Luther King Jr. Finalement cette résistance a permis que, le 13 novembre 1956, la Cour Suprême américaine, abolisse les lois ségrégationnistes dans les bus, les déclarant anticonstitutionnelles (Wikipédia, consulté le 14 Janvier 2023). 

 

Au Canada, les Canadiennes Noires ont aussi résisté à certains lois ségrationnistes. En effet, plusieurs personnages féminins noirs, ont aussi résisté aux différentes ségrégations ou discriminations raciales auxquelles elles étaient assujetties. Parmi elles, nous retrouvons, Viola Desmond (1914-1965). 

Viola Desmond est une afro-canadienne, née à Halifax, en Nouvelle-Écosse et qui est décédée aux États-Unis. Viola Desmond était une esthéticienne et disposait de son propre salon de beauté ainsi qu’un collège de soins de beauté à Halifax. 

En effet, le 8 novembre 1946, en attendant que sa voiture se fasse réparer, Viola Desmond a décidé d’aller voir un film au Théâtre Roseland de New Glasgow. Là-bas, la caissière a refusé de lui vendre un billet réservé à la section des Blancs. Refusant de s’asseoir au balcon, section réservée aux Noirs, Viola s’est installée au parterre, section réservée aux Blancs. Elle a été enlevée de force et arrêtée. Son seul crime était de ne pas avoir payé la différence d’un cent de la taxe sur le billet du balcon. Elle a été condamnée à 30 jours de prison et à une amende de 26 $. 

Le procès a porté principalement sur la question de fraude en matière de taxe et non sur les pratiques discriminatoires du cinéma. Ce n’est que le 15 avril 2010, que la lieutenante-gouverneure de la Nouvelle-Écosse, Mayann Francis, la première personne de race noire à représenter la reine dans la province, a présidé une cérémonie pour présenter des excuses et le pardon absolu à Viola Desmond. Aujourd’hui pour l’honorer, sa photo figure sur le billet canadien de dix dollars. 

 

Les femmes noires qui ont résisté à la colonisation, à l’esclavage et à la ségrégation sont nombreuses. Je vous invite à continuer cette réflexion sur le rôle de la femme noire dans les mouvements de résistance des Noir.es. J’espère qu’en soulignant la contribution de ces femmes courageuses, nous pouvons nous inspirer de leur courage, de leur résilience et de leur force en continuant le combat qu’elles ont commencé, qui est celui de la lutte des injustices sociales, des oppressions et des discriminations. D’ailleurs, comme Crozier (1981) l’a dit, le peuple a du pouvoir à travers l’action collective. Les femmes noires ont aussi du pouvoir. Les mouvements comme, Black Lives Matter, continuent de soutenir les efforts de démanteler les systèmes d’oppression en favorisant le bien-être et l’épanouissement des Noir.es. Mais le chemin est encore long mais possible. La cause de l’équité raciale n’est pas seulement propre au Peuple Noir. Seules nous pouvons le faire mais Ensemble nous pouvons aller loin. Lutter contre le racisme systémique et avancer la cause de la justice sociale et de l’équité raciale ne peuvent que bénéficier à toute l’humanité en entier. 

 

Références

Amazones du Dahomey. (2022). Dans Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Amazones_du_Dahomey&oldid=199087595

Canadien, P. (2021, février 1). Personnages historiques remarquables. https://www.canada.ca/fr/patrimoine-canadien/campagnes/mois-histoire-des-noirs/canadiens-noirs.html

Noires et militantes pour la liberté | l’Encyclopédie Canadienne. (s. d.). Consulté 14 janvier 2023, à l’adresse https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/noires-et-militantes-pour-la-libert

Rosa Parks. (2022). Dans Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Rosa_Parks&oldid=199887749

Viola Desmond. (2022). Dans Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Viola_Desmond&oldid=198682875