Violence dans les relations lesbiennes : brisons les tabous


Regroupement

Ta relation semble toxique, tu te fais manipuler par ta partenaire ou tu ne te sens pas en sécurité à ses côtés ? Il se peut que tu ne le reconnaisses pas encore, mais tu es probablement victime de violence conjugale dans ton couple lesbien. 

On ne peut le nier, les statistiques sont bien claires : la majorité des gens qui ont des comportements agressifs sont des hommes. Pourtant, la violence conjugale peut aussi s’immiscer au sein des couples lesbiens. Malheureusement, le discours sur le rapport de pouvoir homme et femme minimise grandement cette problématique et rebute certaines femmes à témoigner leur détresse. Ainsi, il est très important de démystifier la violence dans les relations lesbiennes et de briser les tabous qui entourent ce phénomène bien lourd de conséquences. 

Le harcèlement psychologique dans les couples lesbiens
Le pattern de contrôle et de domination de la violence reste le même qu’au sein des relations hétérosexuelles. Cependant, en général, la violence s’immisce de façon beaucoup plus subtile dans les couples lesbiens. D’abord, les agressions physiques sont moins présentes ou se manifestent par des gestes moins évidents à déceler qu’un œil au beurre noir ou des ecchymoses sur les bras. À titre d’exemple, la conjointe tentera plutôt d’étrangler sa partenaire ou de la contraindre de sortir de la maison en bloquant les portes. Cela dit, la forme de violence la plus répandue dans les couples lesbiens demeure la violence psychologique, que l’on appelle aussi le harcèlement moral. Celle-ci reste souvent beaucoup plus difficile à reconnaître que les agressions physiques. La partenaire violente dénigre notamment sa conjointe et cherche à la placer dans une situation de doute. Ainsi, elle lui dira donc des choses comme « Ce n’est pas ce que je t’ai dit. Tu te trompes ». Ce détournement cognitif, extrêmement néfaste pour la victime, risque de lui perdre toute confiance en elle et en son pouvoir de prendre ses propres décisions.

Violence lesbophobe
La lesbophobie est une forme de violence propre aux couples lesbiens. Elle peut notamment se traduire par le dévoilement de l’orientation sexuelle (outing). Pensons, par exemple, à une femme qui décide de téléphoner au patron de sa conjointe Sophie pour l’informer que cette dernière est malade. Elle se présente ainsi comme étant l’amoureuse de Sophie, sachant pourtant très bien que le coming-out demeure une source de stress pour elle. Le dénigrement caractérise également la lesbophobie, alors que la partenaire violente dira des choses comme : « Tu es beaucoup trop féminine pour être une vraie lesbienne ». Bref, les comportements lesbophobe sont directement liés à l’orientation sexuelle. Ils engendrent évidemment des conséquences dévastatrices sur la victime.

En parler : un défi pour la victime de violence dans une relation lesbienne
Les victimes de violence conjugale dans une relation lesbienne doivent faire face à de nombreux défis. D’abord, l’historique d’oppression et le rejet que la conjointe violente a pu endurer par le passé viendront souvent justifier ses comportements. Pourtant, peu importe les épreuves subies, il ne devrait y avoir aucune excuse à la violence. D’autre part, comme plusieurs femmes ont ressenti un malaise à faire leur coming-out au sein leur propre famille, celle-ci préfèreront camoufler le fait qu’elles vivent également une situation négative au sein de leur couple. Conséquemment, le réseau le plus approprié demeure le cercle social. Toutefois, contrairement aux couples hétérosexuels, les deux partenaires au sein d’un couple lesbien côtoient souvent les mêmes ami.es. Il est donc plus difficile de témoigner à une copine que sa conjointe est violente, puisqu’elles entretiennent elles aussi une relation amicale. Les deux partenaires d’un couple lesbien fréquentent également des endroits communs. Les victimes de violence ne voient alors pas d’autre choix que de se retirer de leurs lieux de socialisation et de leurs cercles d’amis, ce qui est loin d’être souhaitable pour briser le cycle de la violence.

L’importance de se reconnaître comme victime et d’aller chercher de l’aide
Si tu dois composer avec les nombreux défis énoncés précédemment, sache qu’il existe des solutions. Demande-toi si tu es plus déprimée depuis quelque temps, si ta partenaire use de chantage ou si certaines de ses paroles te font douter de toi. Si la réponse est oui, n’hésite surtout pas à briser le silence. Au Réseau-Femmes, nous pouvons t’apporter des moyens concrets et sécuritaires de respecter tes limites et reprendre le contrôle sur ta vie. 

Nous sommes là pour toi !

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Un merci tout spécial au Centre de solidarité lesbienne pour leur généreuse contribution à la rédaction de cet article.

 

Article rédigé par : Anne-Sophie Brunelle